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Bulletin d’information de Décembre

Un ethnocide est en cours sur un territoire français

 

Neuf années d’actions

Solidarité Guyane est née d'un constat, en 1996, de graves carences sur le plan médico-sanitaire dans le bassin du fleuve Maroni en Amazonie française (Guyane). Les ONG internationales (ex.: Unicef, Unesco, etc.) s'interdisant d'agir en raison de la territorialité française, nous décidions d'intervenir à la mesure de nos moyens.

 Trois axes d'actions mobilisent l'association : l'assistance médico-sanitaire, le soutien scolaire et la communication. Ses interventions s'adaptent aux circonstances et aux besoins auprès des populations dites 'du fleuve', constituées par le peuple autochtone : les Amérindiens Wayanas et Emérillons ainsi que les ethnies Bushi-Nengués ou Noirs-Marrons (anciens esclaves noirs ayant fui dans la forêt et reconstitué leur société traditionnelle africaine).

 Sur le plan médico-sanitaire : nous avons acheminé, à ce jour, plus de 500 kg de médicaments et de matériel, principalement dans des dispensaires soignant des réfugiés vivant dans la forêt tropicale du Bas-Maroni dans le plus grand dénuement. Nous faisons en permanence des démarches auprès des autorités pour dénoncer les carences de la collectivité publique en matière de santé et surtout la pollution au mercure provoquée par les exploitations aurifères.

Sur le plan scolaire : plus de 700 kg de livres, fournitures scolaires et matériels ont été distribués dans les écoles de plusieurs villages Amérindiens du Haut-Maroni (Elahé, Kayodé, Taluwen, Twenké et Pidima). Nous avons ainsi doté plusieurs écoles de matériel pédagogique (fonctionnant sur groupe électrogène). Nous sommes à l'écoute des enseignants et de leurs besoins. Dans le même temps, nous apportons divers objets usuels, au gré des voyages à la demande des populations locales.

En matière de communication, nos courriers aux plus hautes autorités, rapportant régulièrement des éléments factuels sur la condition locale, contribuent à informer les ministères concernés. Nous évoquons les multiples problèmes de ces peuples défavorisés lors de manifestations officielles auxquelles nous sommes conviés et auprès des médias que nous alimentons en informations (presse européenne, radio et télévision). Nous coopérons avec des ONG européennes (Survival, FIAN). Notre site internet a permis de nous faire connaître hors des frontières et de fédérer, derrière nos actions, des mouvements de solidarité. Des expositions publiques sont réalisées (photos et artisanat local) ainsi que des présentations pédagogiques dans des écoles de métropole. Ces six années d'actions ont permis ainsi d'affirmer, tant auprès des populations locales que des autorités, le rôle de l'association.

Partenaires

Rien n'aurait été possible sans le soutien de la ville de Rungis et de partenaires privés. Bon nombre d'entités se sont associés à nos actions : entreprises, associations et particuliers, ainsi que la Gendarmerie et l'Armée en Guyane. Nous les remercions tous ainsi que la ville de Rungis, des pharmaciens du Val de Marne, des opticiens du Mans, Carrefour. A cela il faut ajouter les associations et les scientifiques, spécialistes de la Guyane, qui nous ont guidés dans nos opérations.

 

Infos du Maroni 

La situation est de plus en plus critique dans les villages Amérindiens du Haut-Maroni :

- l'exploitation aurifère a de graves conséquences sur la vie des populations : les chantiers (illicites) en amont de leurs villages polluent pour des décennies leur environnement vital. Le poisson, leur principale nourriture, est intoxiqué par le mercure, le gibier est de plus en plus rare (décimé par les orpailleurs), la turbidité de l'eau des fleuves (provoquée par les chantiers) provoque de graves troubles intestinaux. De nombreuses pressions sont exercées sur les populations autochtones et de multiples faits divers à leur encontre (intimidations, menaces, violences) entretiennent un climat d'insécurité et ont des répercussions psychosociologiques très importantes.

- la tuberculose est toujours très présente et la situation vaccinale est déplorable. Des enfants sont morts de la coqueluche faute de vaccination préventive par les autorités responsables. Les structures médicales sont particulièrement sous-dimensionnées tant en moyens humains que matériels.

- 60% de la population Amérindienne de cette région est empoisonnée par le mercure. L'imprégnation est 3 fois supérieure au seuil maximum admis par l'EFSA (et 2 fois l'OMS), les plus vulnérables et les plus touchés étant les enfants. Il a été noté un accroissement anormal des malformations néonatales et de la mortalité infantile (résultant de l'imprégnation mercurielle).

Sur le plan scolaire, il y a antinomie entre l'investissement des enseignants et l'indifférence de la collectivité. L'enseignement n'est toujours pas adapté à la spécificité culturelle des élèves et la plupart des enfants se trouve en échec scolaire, victimes de racisme ethnique. Les enseignants travaillent dans des conditions précaires et très difficiles.

Le projet de Parc National en Guyane se préoccupe davantage des intérêts du lobby minier que du devenir des peuples autochtones et des communautés traditionnelles. La France agit en colon vis-à-vis des autochtones, la priorité étant donnée à l'assimilation et non à une intégration progressive. La non reconnaissance des droits coutumiers et fonciers s'apparente à un ethnocide.

Bilan

Parallèlement à nos actions de terrain, nous avons alimenté en information et été consultés par de nombreux médias (presse et télévision), ainsi que participé à la réalisation de plusieurs documentaires, permettant de mieux faire connaître la réalité locale. Nous avons publié ou fait l'objet d'articles dans plusieurs revues.

Pour mémoire, notre réalisation de plaquettes d'information adaptées sur l'Euro, premier document à caractère officiel (avec logo de la République) en langues Amérindiennes (Wayana, Teko et Wayãpi) et Bushi Nengués (Aluku et N'Djuka) a contribué à faciliter le passage à l'Euro.

La plainte contre X pour empoisonnement (mercure) avec constitution partie civile déposée par la FOAG (Fédération des Organisations Autochtones de Guyane), à notre initiative, est en voie d'être dénoncée par la justice face aux pressions du lobby minier.

Projets

Nous continuerons nos actions habituelles en matière de communication et d'information, de soutien au milieu scolaire (par la fourniture d'équipements pédagogiques et la préparation d'un projet de structure d'accueil sur le littoral permettant la continuité de la scolarité des enfants de zone sylvicole) et de suivi médico-sanitaire (avec constitution d'une base de données mercure).

Nous relaierons les craintes et les revendications des communautés traditionnelles et autochtones face au projet de Parc National en Guyane et aux actions d'assimilation de la Collectivité publique (auprès des autorités en métropole et via internet).

Actions de communication

Nos relations étroites avec les médias (presse et audiovisuel) contribueront à informer sur les problèmes locaux, que nous transmettons en permanence aux autorités.

Vous souhaitez découvrir le quotidien de ces populations, procurez-vous le livre de l’association : 'Chroniques Indiennes en Amazonie Française' en lui adressant un chèque de 16 Euros (port compris).

Conclusion

L’association Solidarité Guyane renforce son rôle auprès des populations du Haut-Maroni en les aidant à prendre en main elles-mêmes leur propre destinée. Sa connaissance du terrain et la confiance qu’elle a acquise des villageois en font un interlocuteur idéal pour la réalisation de projets concourant à améliorer leur condition.

 

Solidarité Guyane


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