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Agence Régionale de Santé (Guyane)

 

 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

 

Cayenne, le 16 janvier

L’ARS est engagée avec les différents services de l'Etat de Guyane dans un pôle interministériel mercure qui vise à limiter la contamination du milieu environnemental par le mercure et à prévenir les dangers sanitaires de ce métal toxique d’origine naturelle (sols) et anthropique (orpaillage ancien et orpaillage illégal actuel). Ce pôle avait conduit il y a quelques années à l’interdiction de l’utilisation du mercure en Guyane pour l’orpaillage. Sur le volet sanitaire, l’ARS a inscrit l’objectif de prévention de l’imprégnation mercurielle des groupes à risques dans le Programme Régional Santé Environnement PRSE 2 adopté le 20 juin.

Dans ce cadre, un programme de prévention des forts taux d’imprégnation chez les enfants à naître ou allaités a été mis en œuvre sur le Haut Maroni depuis mai et étendu en août au Haut Oyapock. Ce programme est mis en œuvre sur le Haut Maroni par le conseil général de la Guyane (PMI de Maripasoula) et sur l’Oyapock par le centre de santé de Camopi–Trois Sauts relevant du Centre Hospitalier Andrée Rosemon. L’ARS en est le financeur.

Ce programme n’est pas, comme le serait une enquête épidémiologique en population générale, une étude visant à déterminer l’imprégnation de la population de tel ou tel village mais un programme de santé publique visant un bénéfice d’ordre individuel pour les personnes suivies. Aussi les résultats sont à utiliser avec précaution puisque les personnes ciblées sont précisément celles qui présentent les taux de mercure les plus importants. Des indicateurs ont été mis en place afin d’évaluer le programme et notamment pour déterminer si les mesures de prévention sont suffisantes pour écarter tout risque neurologique. A ce stade, les résultats fournis (dans ce communiqué) sont donc partiels.

Le programme consiste en un suivi systématique de l’imprégnation mercurielle des parturientes et des femmes avec un projet de grossesse résidant sur le Haut-Maroni ou sur le Haut Oyapock. Les femmes qui le souhaitent bénéficient ainsi d’une analyse de leur imprégnation en mercure le plus tôt possible avant la grossesse (à l’arrêt de la contraception) ou lors de la première visite liée à la grossesse.

Les analyses médicales sont associées à des conseils individualisés fournis par un médecin pour permettre à la femme de ramener son imprégnation mercurielle à un niveau sans danger pour le développement neurologique du fœtus.

Un peu plus de 300 femmes ont bénéficié de ce programme de santé depuis mai. La première année, le programme a concerné les femmes résidant à l’amont de Papaïchton jusqu’à Pidima. Les prélèvements ont ensuite été stoppés sur la région aval de Maripasoula car aucune femme ne présentait un taux de mercure nécessitant un suivi. En revanche le programme a été étendu depuis le mois de juillet sur la région de Camopi et de Trois Sauts.

10 µg/g est la concentration au-delà de laquelle il peut exister un risque d’atteinte neurologique chez l’enfant (effets neurologiques infracliniques détectables par des tests fins, donc sans symptômes visibles). A partir de 20 µg/g, des troubles de la coordination détectables par des tests neurologiques sont susceptibles de se produire chez certains sujets.

Sur la totalité des femmes suivies dans le cadre du programme, 69% présentaient lors du premier prélèvement un taux d’imprégnation inférieur à 10 µg/g de cheveux, 21 % un taux d’imprégnation compris entre 10 et 20 µg/g et 10% un taux compris entre 20 et 50 µg/g.

Les femmes dépassant 5 µg/g au premier prélèvement ont en moyenne diminué leur imprégnation de 20% au second prélèvement.

Les femmes dépassant 10 µg/g au premier prélèvement ont en moyenne diminué leur imprégnation de 22% au second prélèvement.

Les femmes respectant strictement les recommandations alimentaires diminuent leur imprégnation mercurielle jusqu’à 50% entre le premier et le second prélèvement ce qui les ramène généralement à une imprégnation sans danger pour l’enfant. Un bilan intermédiaire de l’ensemble de ce programme d’action sera prochainement réalisé.

Il convient de rappeler que les personnes concernées par une exposition au méthylmercure sont celles consommant régulièrement (plus de deux fois par mois) des poissons prédateurs d’eau douce de Guyane. Le mercure provenant des poissons constitue en effet de loin la principale source d’exposition au mercure par voie alimentaire. Une étude conduite en par le CNRS de Bordeaux et le laboratoire Hydreco de Guyane pour l’ARS a permis de cartographier les espèces contaminées par fleuve : dans la plupart des rivières, qu’elles soient orpaillées ou non, les poissons prédateurs (notamment aïmara, torche tigre et jamais gouté) dépassent régulièrement les valeurs de commercialisation pour le mercure. L’origine en partie naturelle du mercure explique cette contamination des poissons à l’échelle de la Guyane et permet d’expliquer pourquoi les habitants de Trois Sauts, région indemne d’orpaillage, présentent des taux d’imprégnation parmi les plus élevés de Guyane selon les dernières études d’imprégnation.

Les populations résidant sur l’amont des fleuves Oyapock et Maroni en amont de Maripasoula sont les plus exposées au mercure du fait d’un régime alimentaire à base de poisson. Toutefois, tout fort consommateur de poisson est susceptible de présenter une imprégnation importante.

Les recommandations pour se protéger du méthyl-mercure concernent en priorité les femmes enceintes, les femmes allaitant un enfant, les femmes souhaitant avoir des enfants et s'appliquent également pour l'alimentation des jeunes enfants (moins de sept ans) du fait des effets du méthylmercure sur le développement neurologique :

- La première recommandation est de consommer dans la mesure du possible au moins un fruit quotidiennement et si possible davantage (la consommation de fruits protège contre une forte bioaccumulation en méthylmercure),

- La seconde recommandation est d’éviter les poissons riches en méthyl-mercure. Il ne faut en consommer plus de deux fois par mois pour une femme enceinte et pas plus d'une fois par mois pour les enfants de moins de sept ans.

Les poissons à éviter sont présentés dans les affiches produites par l’ARS pour chaque fleuve de Guyane

 

 

 

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