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Ci-dessous le texte que SOLIDARITE GUYANE a adressé le 15 septembre au Président de la République
Monsieur Nicolas Sarkozy Président de la République Française Palais de l'Elysée 55, rue du Faubourg Saint Honoré 75008 Paris
Objet : Conséquence de l'arrêt de l'opération Harpie dans le Haut-Maroni en Guyane
Monsieur le Président de la République,
Suite à notre dernière mission dans le Haut-Maroni (début septembre) nous voulons vous alerter sur la multiplication des incidents entre orpailleurs illégaux et amérindiens dans le Haut-Maroni. Les opérations Harpie ont montré leurs limites (faute de véritables moyens) et leur inefficacité sur le Tampoc et le Litani. Les orpailleurs (brésiliens et noirs-marrons) se montrent de plus en plus arrogants et provocateurs vis-à-vis des forces de l'ordre suite à leur impunité. Le matériel détruit est remplacé en quelques jours (probablement avec le soutien de personnes du littoral que vos services ne peuvent méconnaître). Après les incidents d'octobre à Cayodé (échange de tirs entres orpailleurs et amérindiens), les orpailleurs se sont montrés de plus en plus agressifs vis-à-vis des populations locales (j'ai moi-même été mis en joue par un orpailleur identifié de Maripasoula sur le Tampoc en octobre - la scène a été filmée). Plusieurs fois les pêcheurs amérindiens de Cayodé ont été menacés (avec des armes) sur le fleuve alors qu'ils posaient des filets de pêche. Les femmes n'osent plus aller seules sur leurs abattis par crainte d'être agressées à la périphérie de leurs villages. Samedi 30 août, des amérindiens se sont révoltés devant la dégradation de leurs ressources vitales (raréfaction du gibier, destruction de la faune piscicole, pollution des cours d'eau) et des incidents entre orpailleurs brésiliens et amérindiens ont eu lieu à Twenké, sur le Litani, laissant craindre une nouvelle escalade dans le risque de conflit ouvert entre amérindiens et orpailleurs, ces derniers disposant d'armes automatiques. Semaine dernière, les chefs coutumiers amérindiens Wayana et Teko, avec à leur tête le Gran Man Amaïpoti Twenké, et les capitaines des villages se sont rendus à la Gendarmerie pour manifester leur mécontentement devant le climat d'insécurité et leurs difficultés à satisfaire leurs besoins alimentaires dus aux orpailleurs. Craignant qu'il n'y ait mort d'homme dans ce conflit ouvert, nous vous demandons d'intervenir au plus vite pour sécuriser la vie de ces citoyens français, à défaut vous porterez la responsabilité des incidents.
Les guyanais ne doivent pas payer de leur vie les intérêts économiques de la France et les contrats militaires avec le Brésil.
Nous restons à votre disposition pour vous fournir toutes les informations nécessaires à la situation locale et faire éventuellement office de médiateur avec les villageois.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de notre plus haute considération.
J.P. Havard (Président de Solidarité Guyane)
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